
C'est le titre de l'autobiographie de mon explorateur favori, Wilfred Thesiger. S'il ne fallait lire qu'un livre sur l'Ethiopie, ce serait celui-là.
Tout y est : un exposé clair de l'histoire du pays, des cartes précises, le récit des différentes explorations de l'auteur - qui, je le rappelle, a été le premier à remonter le fleuve Awash (1933, à 23 ans) et à se faire accepter des Danakil.
Document irremplaçable également sur d'autres régions du globe, peut-être définitivement perdues: le Darfour, les marais de Bassora ou le Kurdistan irakien.
Thesiger soutient l'idée qu'il ne faut pas imposer nos habitudes, nos codes sociaux, notre religion, bref notre civilisation, à tous ces peuples qui ont vécu à l'écart jusqu'à maintenant, et qu'il faut les laisser évoluer à leur rythme. Que nous leur avons apporté plus de mal que de bien.
Je suis assez d'accord, en théorie.
Un contre-exemple: les femmes Danakil sont non seulement excisées mais infibulées (les grandes lèvres sont cousues, ne laissant qu'un étroit orifice); au moment des premiers rapports sexuels, l'homme doit souvent élargir le passage... à l'aide d'un piquet de tente ou de son couteau; les femmes sont recousues après chaque accouchement. On me dira sans doute que puisque les femmes l'acceptent, il n'y a pas de problème.
Je vous laisse à vos conclusions personnelles.
Mais laissons Thesiger en dehors de ce débat: il doit à son charisme très british, son autorité tranquille, sa vie ascétique, son sang-froid et son absence de mépris d'avoir été accepté et estimé partout où il est passé. Des hommes de cette trempe sont très rares...