jeudi 29 janvier 2009

Lecture décevante


J'ai déniché une vieille édition d'un livre de Henry de Monfreid (1936), "le Masque d'or" ou "Le dernier Negus". Vieilles photos très intéressantes, mais le texte...

Plus je lis Monfreid, moins je l'apprécie; d'abord ce n'est pas un écrivain, juste un chroniqueur de deuxième catégorie; certainement pas un historien, rien que des anecdotes invérifiables et des interprétations personnelles; ce livre est à mettre au rang des pamphlets partiaux dictés par la haine de l'Ethiopie, haine qui ne s'explique que par des raisons personnelles, Monfreid ayant été chassé d'Ethiopie où il avait des plantations, pour magouilles diverses.

Certaines des idées de Monfreid sont aujourd'hui insupportables: la supériorité de la race blanche, les bienfaits du colonialisme, le racisme sous forme de paternalisme, la suprématie morale de la France sur les autres nations, et surtout son admiration béate pour Mussolini... Monfreid est auréolé par une réputation d'aventurier romantique; sa biographie révèle plutôt un trafiquant sans scrupules, cherchant à s'enrichir personnellement par tous les moyens - malchanceux en définitive, car il fut ruiné de nombreuses fois, et son héritage - de splendides Gauguin (dont son père était un ami), était constitué de ... faux !

Bref ce livre m'énerve, car il trace un portrait injuste d'Hailé Selassié; ce dernier a certes commis des erreurs au cours de son long règne, mais on ne peut le réduire à un monstre assoiffé de sang, prêt à tout pour s'enrichir. Dommage que Monfreid n'ait pas connu le dictateur qui a suivi la chute de Sélassié, le Negus rouge, responsable d'innombrables crimes au cours de la période la plus sombre de l'histoire éthiopienne.

jeudi 8 janvier 2009

L'Ethiopie au musée du Quai Branly


J'ai eu la curiosité d'aller voir au musée du Quai Branly si l'Ethiopie y était représentée. Eh bien oui, Marcel Griaule (celui des Dogons), lors de l'expédition Dakar-Djibouti (1931-1933), a rapporté des fresques sur toile retirées d'une église de Gondar (Abba Antonios). Ces fresques sont installées dans une sorte de chapelle, supposée reproduire l'intérieur d'une église. Elles sont magnifiques, relativement récentes (17ème-18ème)), pas très naïves comme les plus anciennes que l'on peut observer sur les murs de certains monastères. Des vitrines présentent également une série de croix de processions. Santi pleurerait et crierait au sacrilège ! Comme tous les Ethiopiens, il considère ces objets comme sacrés, et leur place est en Ethiopie. Pour nous ce sont des oeuvres d'art, pour les chrétiens éthiopiens, ce sont des objets de culte volés....

Photo: une fresque célèbre de Gondar, bien à sa place dans l'église Dabra Birhan Sélassié.

Les liens sont très intéressants 1/ Griaule et une de ses acquisitions. 2/les fresques du quai Branly 3/ un article qui narre les circonstances du "rapt" des fresques et des autres objets, dont certains - notamment des tabots - ont dû être brûlés.




Rappel: les tabots sont des "arches d'alliance" (tables de la loi), présentes dans chaque église, soigneusement cachées aux yeux des fidèles; sortent au moment dse cérémonies, portées par respect sur la tête des prêtres, et enveloppées dans des linges pour rester invisibles. Quand on connaît la dévotion des Ethiopiens pour leurs tabots, en emporter un pour l'exposer dans un musée est un sacrilège sans nom.