mercredi 18 février 2009

Bilan médical


Le récit d'un chirurgien expatrié, à Adoua, à la frontière disputée avec l'Erythrée, en 2000, juste à la fin du conflit. Pas littéraire pour un sou, mais un document intéressant, notamment sur les maladies endémiques à l'Ethiopie, le goître (manque de fluor), les occlusions intestinales (nature de l'alimentation), les ulcères à l'estomac (trop d'épices) - cette dernière maladie n'étant plus soignée de façon chirurgicale en Europe, mais les Ethiopiens n'ont pas accès à nos médicaments. Le sida, aussi, bien sûr, quoiqu'à l'époque encore limité. Un bon point pour l'Ethiopie: les bovins et les ovins sont nourris de façon naturelle, rien que de l'herbe, et ne risquent pas d'attraper la tremblante ou la folie...

A cette époque les mines anti-personnels font des ravages dans la région; il paraît que les risques n'existent plus aujourd'hui... Et aussi les règlements de compte à la Kalachnikov ! Pas étonnant, dans un pays où tout le monde est armé.

Mais dans l'ensemble, l'Ethiopien est un grand marcheur, maigre et résistant, âpre au travail; avant de consulter un médecin, il hésite longtemps, et pas seulement pour des raisons économiques: les médecines traditionnelles ont encore de beaux jours devant elles. Elles ont toutefois leurs limites, surtout en matière de chirurgie...

Cela me rappelle les nombreux convois que nous avons rencontrés le long de la route: quelques hommes qui se relaient à transporter un malade sur un brancard, ambulance du pauvre. Parfois sur des dizaines de kilomètres.

samedi 7 février 2009

Lecture passionnante


Tout autre est le récit de Rochet d'Héricourt, un Français qui s'aventura dès 1839 à traverser l'Ethiopie pour joindre le Gabon et traverser ainsi l'Afrique d'est en ouest. Il s'arrêta au royaume de Choa et se lia d'amitié avec le roi Sahlé-Sélassié. Il revint en 1842, nanti alors d'une mission commerciale officielle. Ce livre est le récit du deuxième voyage de Rochet d'Héricourt.

Passionannt de bout en bout ! Il part d'Egypte, navigue sur la Mer Rouge jusqu'à Tadjoura (actuellement en république de Djibouti), traverse le pays Danakil et parvient vivant à Ankober, capitale du roi Amhara Sahle-Selassié. Il y séjourne un an et participe même à une guerre contre les tribus Gallas (actuellement Oromo). Style plein d'humour et observations pertinentes.

J'y ai appris que les Amharas pratiquaient à l'époque l'émasculation de leurs ennemis, ce que je croyais être une tradition uniquement des Danakil ou Afars. Et aussi que la monnaie d'échange était constituée de morceaux de sel, qui fondaient à la saison des pluies - même si on les enfouissait dans les cendres. Les capitalistes de l'époque n'étaient pas mieux lotis que nos actionnaires Fortis...