mercredi 29 octobre 2008

Plus qu'une fois dormir...

Demain c'est le grand départ ! je m'envole avec Ethiopian Airlines, 9 heures de vol de nuit... Au petit matin, Abey et Sintayew m'attendent à l'aéroport (s'ils ont réglé leur montre).
J'emporte 4 livres (le choix fut difficile): "Le désert des déserts"de Thesiger, "le drame éthiopien" de Henry de Monfreid, "Chroniques abyssiniennes" de Moses Isegawa, et "La porte des larmes" de Guillebaud et Depardon. En plus du Petit Futé (qui ne l'est pas toujours), du Lonely Planet english version, et de l'Olizane, bien entendu.
Juré, je tiendrai un journal de bord.
Et j'alimenterai ce blog si j'en ai l'occasion.
Si vous avez un (petit) message, sans fichier attaché (pas de blague Raymond, garde-les pour le retour), une seule adresse: travellinglady7@hotmail.com
J'apprécierais les commentaires sur les grands événements mondiaux - l'élection présidentielle aux USA, l'effondrement des bourses etc etc; je vous fais confiance les amis. Et aussi à Jérôme, mon fournisseur habituel de nouvelles.
Retour prévu le 28 novembre; je vous embrasse tous, votre Virginie

Avec quoi qu'on paie ?

La monnaie éthiopienne s'appelle le birr. Pas de cours officiel, mais d'après Chris, 13 birrs pour un euro. Un peu moins qu'en février, son dernier voyage.
Ici un petit hommage: Robyne et Théo, les deux charmantes filles de ma non moins charmante pédicure, Robyne et Théo donc, ont cassé leur tirelire pour que j'achète en leur nom quelques sacs de riz ou de tef à offrir dans l'un ou l'autre village. Merci ému à toutes les deux ! Je tiendrai une comptabilité serrée de vos birrs et ramènerai des photos, c'est juré.

Le climat

Tous les guides le disent: novembre est un bon mois; la saison des pluies est terminée, et le vert domine dans les champs. Abey (le patron de l'agence qui me loue la voiture) me le confirme: novembre est idéal, pas trop de monde, pas trop de chaleur. Et pourtant, si je consulte Internet, il pleut ! Il pleut à Addis et à Gondar... Pas de quoi faire peur à une Belge, évidemment; mais pas question d'oublier le Kway !

Le témoignage de Chris

Chris est un correspondant niçois qui connaît bien l'Ethiopie. Lors de son premier voyage, il s'est pris d'amitié pour un enfant des rues et l'a parrainé; chaque année il retourne le voir et il vient d'obtenir de l'ambassade un visa pour que Daniel (c'est son nom) puisse venir étudier en France. Immense joie pour les deux parties: une famille française généreuse, et un jeune réalisant le rêve de toute l'Afrique.
Chris était encore en Ethiopie il y a une semaine. Il me décrit une situation peu encourageante: enfants quémandeurs collants, ados oisifs, chômage, faim endémique, mendiants éclopés... et à côté de cela la formidable énergie vitale de tous les peuples africains.
Ne pas tomber dans le piège d'une mauvaise conscience culpabilisante : je sais que ça va être difficile; c'est le lot de tout voyageur occidental qui a un coeur.
Privilégier l'attitude de Thesiger: respect, sans paternalisme ni arrogance; mais même le voyageur le mieux intentionné sera toujours perçu comme une banque ambulante...

Décalage horaire

Deux heures en plus (pour moi)! Moi qui ne suis pas encore remise du passage à l'heure d'hiver, ça va être ma fête... Tenez-en compte quand vous pensez à moi... Si je vous écris à 20h, il est 18h pour vous.
En plus figurez-vous que les Ethiopiens suivent encore le calendrier julien, c'est-à-dire qu'ils sont 7 ans et huit mois en retard sur nous... calendrier non respecté pour les horaires d'avion j'espère !
Et ce n'est pas tout: ils décomptent les heures à partir du lever du jour, et ils obtiennent 6 heures avant "notre heure"; j'espère que mon chauffeur a deux montres...

dimanche 26 octobre 2008

Le ghee ou beurre clarifié


On l'obtient en débarrassant le beurre de la caséine du lait et en ne gardant que les lipides; ce beurre se conserve sans réfrigération et peut s'utiliser comme de l'huile. Ce qui fait que ce beurre clarifié est très utile dans les pays comme l'Inde ou... l'Ethiopie, ou les vaches sont nombreuses et les frigos assez rares.

J'avoue que j'ignorais cela ! dans les récits de Thesiger, il en est constamment question, sous forme de cadeau très apprécié dans les villages traversés.

Mais le ghee s'emploie aussi dans de nombreuses cérémonies rituelles: par exemple les Hamer s'en enduisent à chaque bulljump. Et moi-même, j'en ai reçu mon quota sur la tête, lors du mariage auquel j'ai assisté au Soudan. Voilà donc un mystère clarifié.

jeudi 23 octobre 2008

Actualité

En surfant sur l'actualité éthiopienne, j'apprends que Mengistu a été condamné à mort par contumace (vu qu'il est toujours au Zimbabwe), ainsi que certains de ses principaux complices des "années rouges" (22 mai 2008). Et aussi que la stèle d'Axoum réclamée à l'Italie a retrouvé sa place en juin...

Africa Trek



Un fabuleux voyage, 14000 km à pied de Capetown à Jérusalem, toute l'Afrique du sud au nord (à partir de 2001); trois ans de marche pour un couple bien sympathique, Alexandre et Sonia Poussin. Hébergement et repas chez l'habitant, au hasard des rencontres; dans les villages, partage de la vie des Africains, et parfois nuits à la belle étoile...


Si j'en parle, c'est parce que leur traversée de l'Ethiopie ne fut pas de tout repos; très souvent attaqués à coups de cailloux par enfants et adolescents, insultés, obligés de fuir les villages; adultes sans autorité devant les enfants déchaînés, aucun recours.


Les voyageurs indépendants avec lesquels je corresponds sur Internet me disent que ce comportement existe (dans le sud), bien que marginal; mais que le fait d'être accompagnée d'un autochtone me protègera de toute incivilité. Et que les Poussin ont fait une très mauvaise publicité à l'Ethiopie, qui ne le mérite pas.


Pour les passionnés couche-tard

Sur la Une, à 22h05, "Opération Moïse", qui relate le dramatique rapatriement des Falashas d'Ethiopie en Israël (1985); pour rappel, les Falashas sont les seuls Juifs noirs au monde; mais, longtemps isolés, ils ne sont pas reconnus comme véritables Juifs, et mal accueillis en Israël, où ils s'intègrent difficilement.
Le récent reportage de Laurent Bignolas (Faut pas rêver) montrait bien que le problème est loin d'être résolu: les Falashas ne sont chez eux nulle part, ni en Ethiopie, ni en Israël; ils continuent cependant à vouloir rejoindre la Terre Promise, mais les Israëliens font la sourde oreille.
http://www.lesoir.be/culture/medias/la-une-documentaire-historiqu-2008-10-23-653217.shtml

mercredi 22 octobre 2008

Wondo-Genet


Et voilà le paradis sur terre...

Un hôtel un peu suranné dans une oasis luxuriante, pleine de fleurs, d'oiseaux et de ... singes; des sources d'eau chaude dans lesquelles on peut se baigner; de la terrasse du restaurant, un paysage fabuleux sur les collines avoisinantes, recouvertes de plantations de khat, et le lac Awasa.

Ne croirait-on pas une pub du Club Med ?

Un arrêt repos dans ce havre de paix est prévu le dernier jour !!! Ce qui signifie que si je me suis attardée ailleurs, je risque de louper la douche chaude de Wondo Genet.

On verra !

(J'hésite même à prendre mon maillot)

mardi 21 octobre 2008

La galette de tef ou injera


Le tef est une céréale qui ne se cultive qu'en Ethiopie et ... aux USA pour les ressortissants éthiopiens; très résistant aux variations de climat, de haute teneur en protéines, le tef est la base irremplaçable de la nourriture rurale. Il se mange sous forme de galettes, servies avec le wat, une sauce de légumes ou de viande, parfois très relevée. Dans le sud, on lui préfère le sorgho, l'orge et le maïs. Le tef ressemble au fonio, de grain très fin, que nous avons mangé au Mali, présenté comme de la semoule de couscous. Et aussi au réveillon de Noël, en accompagnement du poulet bicyclette à Ligny... Souvenirs, souvenirs !

Donc, après le foul soudanais (rappel : haricots noirs), je vais m'empiffrer d'un genre de galettes bretonnes; et j'y tiens, j'ai déjà dit à Sintayew que je voulais manger local, et éviter les buffets internationaux. De toute façon, en camping, je pense que je n'aurai guère le choix...
Photo: injera chic !

lundi 20 octobre 2008

Un des plaisirs du voyage


Faire son sac !!!!

J'ai commencé... Liste à l'appui, j'essaie de tout faire rentrer et de ne rien oublier. Casse-tête habituel: quels vêtements, quelles chaussures, un pull, deux pulls ? Passer à la pharmacie, provisions de Compeed et de Malarone... Merci, Delphine, de m'avoir trouvé des bas Mediven pour l'avion, merci Luc, de m'avoir prêté un sac de compression pour mon sac de couchage (voir photo): c'est un véritable miracle, ma doudoune réduite à un tout petit boudin. Oui Jérôme, j'ai prévu un coussin et... trois lampes de poche. Sac à viande, deux flacons de Deet, les bêbêtes n'ont plus qu'à bien se tenir. Appareil photos et trois batteries, des cartes mémoires de 4 GB, me voilà parée pour le désert et le camping. Pas d'hôtels de luxe au programme, même à Addis Abeba (pourtant le Hilton est, paraît-il, le plus bel hôtel d'Afrique), j'ai opté soit pour le "charme local", soit pour le camping... Mon chauffeur-guide s'appelle Sintayew, il cause anglais, of course, et j'espère que je m'entendrai bien avec lui !

Le café


L'or noir d'Ethiopie... Paraît que c'est le meilleur au monde ! Je ne pourrai sans doute pas en juger, vu que - mes proches ne l'ignorent pas - je ne bois que du jus de citron avec un peu de thé. Le mot vient sans doute de la province de Kaffa; mais curieusement les Ethiopiens désignent le café par le mot buna, qui se sert partout dans les buna bet, ou maison de café, des cafés, quoi. Les zones de caféiculture se situent entre 1500 et 2400 m d'altitude, et se présentent souvent comme des forêts caféières. La variété Moka Harar est un des grands noms du café mondial. Qui veut que je lui en rapporte ?

samedi 18 octobre 2008

Marchés et parcs nationaux


Il existe encore bien d'autres ethnies dans le sud de l'Ethiopie, peuples qui vivent en marge de la civilisation selon nos critères, dans un environnement hostile. Les Banna, les Surma, les Tsemay, les Dassanetch et bien d'autres... Le temps décidera du programme et des visites dans les villages. Les marchés (Jinka, Dimeka, Key Afer...) seront une occasion de rencontrer les différentes ethnies.

Les parcs nationaux (Mago, Omo, Nechisar....) ont été créés pour protéger la flore et la faune; malheureusement le braconnage est toujours d'actualité, pratiqué pour des raisons de survie, ou pour les trafics en tous genres, comme celui de l'ivoire. Espérons que je pourrai quand même apercevoir quelques phacochères (je les aime bien), des hippos, des koudous, des crocos...

Le saut du taureau




Rite initiatique qui permet de passer à l'âge adulte et redoutable épreuve... Nu comme à sa naissance, l'adolescent doit courir sur le dos d'une quarantaine de vaches rassemblées; s'il tombe, ce sera la honte; mais s'il réussit, il aura droit aux peintures rituelles et au rang de guerrier. Dès avant l'épreuve, pendant que les hommes se parent et boivent le café, les femmes dansent et se fustigent mutuellement le dos, pour montrer leur solidarité et leur attachement à l'enfant qui quitte le foyer. Toutes maîtrisent stoïquement la douleur et arborent fièrement leurs cicatrices.


Un "bulljump" est à mon programme: mon guide est chargé d'en dénicher un dans un village... Sûr que ce sera un des sommets de mon voyage !

Les Hamar




Mes préférés... Enfin c'est un avis provisoire ! Je trouve les femmes très belles, avec leurs tresses enduites d'ocre et de graisse. Les hommes se peignent le corps de motifs compliqués et se créent des coiffures invraisemblables et fragiles, si bien qu'ils ne quittent jamais leur repose-tête qui leur sert de tabouret à l'occasion. Ils sont pasteurs et agriculteurs, et aussi d'habiles forgerons et potiers. Mais leur plus grande richesse: les vaches, et elles sont associées à leur plus important rituel: le saut du taureau. Grands guerriers, ils sont craints de la plupart de leurs voisins...

Les Mursi




Clairement les plus spectaculaires... et les plus agressifs; dans ces régions du monde, les bonnes terres et les bons pâturages sont rares, le climat éprouvant, et la survie commande. De tous temps, les Mursi ont vécu de razzia et combattu les tribus voisines. Les hommes sont armés jusqu'aux dents, et les femmes... je vous laisse juger: elles sont les seules en Afrique, avec les femmes Surma de l'Omo, et les Sara-Kobo du Tchad, à insérer sous leur lèvre inférieure des labrets d'argile aussi grands.

vendredi 17 octobre 2008

Les Karo


Les Karo sont des artistes... Ils se peignent le corps à l'aide de craie, d'ocre, d'argile rouge et de charbon de bois, et les hommes semblent avoir encore plus d'imagination que les femmes dans l'invention des décors ! Certains portent une calotte d'argile surmontée d'une plume d'autruche, en signe de courage. Une telle coiffure, très fragile, les oblige à se servir d'un repose-tête pour la nuit. De valeureux guerriers, ayant adopté l'accessoire qui semble faire partie intégrante de l'habillement ethiopien: la Kalachnikov.

Les Arbore


Un peu cousins des Borana... Ils vivent dans la savane à la frontière du Kenya, au bord de la rivière Woito; à la fois cultivateurs et éleveurs, ils furent autrefois d'habiles commerçants, notamment dans le trafic de l'ivoire; pauvres mais altiers, ils vivent dans des huttes de roseaux qui ressemblent à des pirogues renversées. Leurs femmes sont très belles - peut-être parce qu'elles proviennent souvent d'autres tribus, et que cette mixité affine la race; elles portent une jupe en cuir comme seul vêtement, se rasent le crâne et se parent d'innombrables bijoux de perles colorées, et aussi de bracelets de cheville en fer, qui tintent à chaque pas. Les Arbore sont musulmans et leurs femmes infibulées...

jeudi 16 octobre 2008

Les Borana (2)


Vous l'avez compris, Borana comme Konso pratiquent le travail communautaire, garant de la survie des groupes. Les Borana s'associent également pour exploiter le sel des lacs de cratère des volcans, un travail très dur qui laisse de graves séquelles aux mains et aux pieds. Ils extraient des lacs les mottes de boue saline et les font sécher au soleil; les femmes et les enfants les transportent ensuite à dos de mule; ce travail collectif profite à tous.

Les Borana sont de farouches guerriers qui défendent leurs puits et leurs pâturages contre les intrusions des autres tribus; autrefois (on espère), ils pratiquaient l'émasculation, comme les Danakil, ce qui les valorisait auprès des demoiselles à marier.

Les Borana


Les Borana sont avant tout des pasteurs semi-nomades; ils élèvent d'immenses troupeaux de zébus (pas de chèvres), ce qui nécessite beaucoup d'eau; aussi les puits sont pour eux d'une importance capitale. Les hommes consacrent tous leurs efforts à l'entretien, la réparation et la surveillance de ces puits, ce qui exige une main d'oeuvre considérable. Et entretient l'esprit de solidarité.

Les Konso


De grands agriculteurs, qui réalisent leurs travaux manuellement, en communauté; cultures en terrasse: coton, café, sorgho, maïs, haricots, manioc... Groupés en villages de huttes au toit conique, surmonté d'une poterie. Organisés en clans dirigés par un ancien, qui se distinguait autrefois par un ornement phallique sur le front. Les pratiques rituelles tendent à s'estomper sous l'influence des ... missionnaires chrétiens, surtout protestants.

Subsistent cependant les waka, ou culte des héros, sous la forme de totems en bois, érigés dans des endroits bien visibles, en souvenir de grands guerriers.

Les Dorzé

Les Dorzé sont un groupe ethnique ayant élu domicile sur le haut plateau dominant la vallée du rift; Chencha est leur village principal. Ce sont d'habiles agriculteurs mais surtout les meilleurs tisserands de toute l'Ethiopie dit-on. Gageons que je vais revenir avec une couverture dorzé... Ils habitent de curieuses huttes en forme de ruches. Je vous ai déniché une visite sur Youtube

http://www.youtube.com/watch?v=vK8aDJ8ynd0

Si vous avez bien écouté la video (qualité douteuse, d'accord), vous savez que les Dorzé sont orthodoxes et "occidentalisés" en partie.

Les tribus du sud


Si le nord de l'Ethiopie est en majorité chrétien et l'est surtout musulman, le sud de l'Ethiopie est resté profondément animiste. Des tribus au rythme de vie ancestral y subsistent, plus ou moins en bonne entente, groupées pour la plupart dans la vallée de l'Omo. Ces peuples ont en commun une forte identité dans leurs particularismes, et un grand attachement à leurs traditions. Tous aiment et pratiquent la parure corporelle. Evidemment un paradis pour les photographes ! Mais le tourisme est passé par là - pas encore de masse - et les hommes comme les femmes réclament désormais un billet pour se laisser photographier. J'espère pour ma part des contacts moins mercantiles; tout dépendra de l'habileté de Sintayew, mon chauffeur-guide. Un guide-interprête supplémentaire est nécessaire, car ces tribus parlent leur propre langue, et ne comprennent pas l'amharique.

La vallée des lacs




Ils se succèdent nombreux dans la vallée du rift, lacs de cratère nommés Ziway, Langano, Shalla, Abijata.... et sont le paradis des poissons et des oiseaux qui s'en nourrissent. On peut y voir des pintades, des oies sauvages, des vanneaux, et, plus exotiques, des marabouts, des ibis, des pélicans, et aussi des espèces nordiques y migrant pendant notre hiver. Fastidieux de les énumérer; déjà bien si, sur place, je les reconnais tous !

Photo : lac Ziway; les pêcheurs rejettent les déchets des poissons qu'ils vident, pour le grand bonheur des oiseaux; me rappelle ce poignant documentaire sur le lac Victoria, où les mêmes déchets sont destinés à la population misérable... Amis lecteurs, faites comme moi, boycottez la perche du Nil, dont l'introduction dans le lac Victoria est à l'origine d'une catastrophe écologique (ce poisson géant bouffe tous les autres), et n'apporte rien à la population, car leur vente profite à des multinationales et s'échange contre des ... armes.

La vallée du rift


Je vais essayer d'être claire et brève: il y a 40 millions d'années, la croûte terrestre est recouverte d'une coulée de lave continue, qui se solidifie en une couche de 2 à 4 km d'épaisseur; plus tard cette couche se fragilise et se casse, pour former (notamment) la "grande faille", la vallée du Rift, qui s'étend du nord de l'Ethiopie au Mozambique, en passant par le Kenya et la Tanzanie.

Le paysage éthiopien, surtout au sud, est le résultat de ces mouvements, de hauts plateaux séparés par des vallées encaissées, où subsistent de nombreux lacs. Cette topographie très accidentée explique en partie l'isolement des différents groupes de populations.

Le Negus rouge et la période moderne


Revenons à notre petit cours d'histoire (très résumé); en 1974 l'empereur Hailé Sélassié est renversé par un coup d'état militaire qui offre le pouvoir au colonel Mengistu; ce dernier instaure le socialisme... Surnommé le Négus rouge, il mène une lutte sanglante contre ses opposants, réels ou supposés, un véritable génocide jugé lors du "Nuremberg d'Afrique" en 1997. Les années Mengistu constituent une période très noire pour les Ethiopiens, qui doivent en plus subir les effets des grandes famines des années 80; ils n'en sortiront qu'en 1991, grâce à la victoire d'un mouvement armé de "forces démocratiques". En 1995 la nouvelle Constitution établit la République démocratique fédérale d'Ethiopie, sur base d'élections libres. Le pays est divisé en 9 états ethniques, plus une entité administrative indépendante, la capitale Addis Abeba.

Toutes ces années sont également marquées par les luttes pour l'Erythrée, qui obtient finalement son indépendance en 1993, et l'Ogaden, qui reste éthiopien, bien que toujours revendiqué par la Somalie.
Mengistu s'est réfugié au Zimbabwe, chez son ami Mugabe, qui refuse toujours de l'extrader.

mercredi 15 octobre 2008

La faune


Malheureusement décimée...par les guerres, les mauvaises gestions agricoles, les chasses intensives, les braconnages, le manque de protection dû à l'instabilité politique... Les lions et les éléphants se sont réfugiés au Kenya et beaucoup d'espèces sont désormais endémiques. De nos jours le gouvernement agit en créant des zones protégées, les parcs nationaux, et en tentant de responsabiliser la population.


Parmi les espèces rares que j'espère entrevoir: l'âne sauvage, le nyala, l'ibex walya, le babouin et surtout le célèbre loup d'Abyssinie, appelé aussi chacal ou renard du Simien. Ceux qui ont vu l'émission de Nicolas Hulot comprendront mon intérêt.


Les oiseaux sont également nombreux au bord des lacs; on en reparlera.


La shamma


Toge blanche qui se drape sur les épaules, vêtement traditionnel des Ethiopiens.

La mule est la monture favorite...

Awash National Park


Autrefois terrain de chasse de l'empereur Hailé Sélassié, ce parc s'étend autour du fleuve Awash, de ses chutes et du volcan Fontale. C'est de la petite ville d'Awash que Thesiger partit, un matin de 1934, pour remonter le fleuve qui se perdait mystérieusement dans le territoire danakil. Il décrit dans son journal d'innombrables scènes de chasse, car à l'époque, c'était autorisé et les bêtes sauvages n'étaient pas en voie de disparition comme aujourd'hui. Je verrai des koudous, des oryx, des gazelles, des singes, des crocos, des autruches etc etc si toutefois ces braves animaux se montrent coopératifs. Ce qui est sûr, c'est que j'irai à la rencontre des Kereyous, qui semblent aussi pacifiques que les Afars.

La folie du khat


Le khat est un arbre d'environ 6m de haut, cultivé intensivement principalement dans la région d'Harar. Les feuilles se mâchent et procurent un effet euphorisant ou excitant; une drogue donc. Sa consommation était autrefois réservée aux vieillards ou liée à la pratique religieuse. Aujourd'hui l'usage du Khat s'est étendu à tous, femmes et adolescents compris. Cette culture assure aux paysans un revenu substantiel et sa vente à l'étranger (légale) rapporte des dollars... mais l'effet sur la santé est discutable; l'après-midi tout le monde se met à brouter, les débats s'envolent, on boit du thé pour calmer la gorge, et puis vient la phase d'abattement, et les effets secondaires, impuissance et insomnie. Un moyen comme un autre d'oublier la misère.

mardi 14 octobre 2008

Destin d'un poète


Eh oui, l'homme aux semelles de vent, Arthur Rimbaud lui-même (1854-1891), a terminé sa jeune vie à Harar. Il y vint dans les années 1880, après deux épisodes à Chypre et à Aden, pour y commercer; il organisait des caravanes qui allait soit vers l'intérieur, soit vers la mer. Il échafauda toutes sortes de plans, explorateur, photographe, correspondant; il tenta toutes sortes de négoces: le drap, la gomme, le café et même les armes; il ne parvint jamais à s'enrichir, partit en France pour soigner une tumeur au genou et, comme chacun sait, mourut prématurément à Marseille.

A Harar, on montre sa prétendue maison... qui fut construite 10 ans après sa mort par un commerçant indien. L'emplacement exact de la maison du poète reste un mystère.

Harar la ville sainte


Quatrième ville sainte de l'Islam, elle resta fermée aux non-musulmans jusqu'à l'épopée de Richard Burton, qui y pénétra déguisé en marchand arabe (1850); c'est une ville juchée sur une colline, cernée de murailles percées de 5 portes, fermées le soir autrefois; les eaux usées s'écoulaient par des trous trop étroits pour laisser passer un homme, juste assez pour les hyènes, qui venaient chaque nuit servir d'éboueurs. De nos jours, le repas des hyènes est organisé pour les touristes... La ville moderne s'est développée hors des murs, et Harar reste un exemple de ville ancienne non industrialisée. Ambiance toute différente des villes chrétiennes, avec les mosquées et les écoles coraniques.

Les Afars (ou Danakil)

Un peuple guerrier, fier et sauvage, qui survit dans un des endroits les plus déshérités du monde. Contrairement à leurs voisins du nord, en majorité des Amharas chrétiens, ils sont musulmans. S'ils ont abandonné (on l'espère) la coutume de castrer et tuer (dans cet ordre-là) ceux qui se risquent chez eux, ils ont gardé d'autres traditions: la circoncision, l'infibulation des femmes, le mariage entre cousins. La vie sociale est encore identique à ce qu'a pu observerThesiger dans les années 30. Ils sont essentiellement pasteurs. Ils restent difficiles à contrôler...
Pour les photos, voir l'article précédent. Pour mes contacts dans les villages Afar, je serai accompagnée d'un guide interprête et d'un bodyguard. Tremblez, bonnes gens.

dimanche 12 octobre 2008

La dépression Danakil


Quittons le nord de l'Ethiopie pour l'est et entrons au pays des Afars ou Danakil. 160m sous le niveau de la mer, le désert le plus chaud du monde. Un décor volcanique dantesque, où rien ne pousse, et où la seule ressource est de gratter les croûtes de sel et les transporter en d'interminables caravanes, maintenant comme autrefois. Rien n'a changé dans la vie des Afars, si ce n'est que la Kalachnikov a remplacé la lance. Une galerie de photos, en attendant les miennes...

Le royaume du Prêtre Jean

En 1145, une lettre apocryphe fabriquée par la propagande du Saint Empire Germanique, visant à démontrer la prééminance d'une société dominée par un roi détenant les deux fonctions, royale et sacerdotale, dans le but d'amoindrir la puissance papale, parvient en Occident. Le fabuleux royaume du mythique Prêtre Jean, dont la puissance et les richesses innombrables vont permettre de vaincre l'Islam en le prenant en tenaille, se situe en Ethiopie, où survit véritablement une enclave chrétienne. Cette légende va subsister 4 siècles, jusqu'au moment où les grandes découvertes vont affiner les connaissances géographiques. Ce fantômatique et richissime Prêtre Jean sera localisé également aux Indes et même en Mongolie, parmi les nombreux khans de l'empire de Gengis Khan. Il alimentera les rumeurs les plus folles.

Le lac Tana


Situé à 1840m d'altitude, il compte 30 îles et 38 monastères - dont certains sont interdits aux femmes. Ouf, ça limitera les visites. Un des 60 affluents, le "Petit Nil Bleu", prenant sa source dans les montagnes (3 jours de marche pour les mordus), se jette dans le lac en formant un petit delta. Le seul émisssaire est le Nil Bleu, qui quitte le lac à Bahar Dar (où je vais dormir) et s'éclate en chutes célèbres (Tissisat). Le Nil Blanc, qui rejoint le Bleu à Khartoum (voir mon autre blog) prend sa source dans le Lac Victoria. Pour les curieux, voir les aventures de Speke, Burton et Stanley.

samedi 11 octobre 2008

Le kebra Negast


ou "Livre de la gloire des Rois", texte fondateur rédigé en guèze au 14ème siècle, où l'on retrouve le récit épique des origines de la dynastie salomonide; il légitime le pouvoir de la dynastie amharique à partir de son ascendance à Salomon et la reine de Saba. On y retrouve toutes les légendes éthiopiennes, auxquelles il leur confère un caractère sacré. Texte sacré également pour les Rastas :l'Ethiopie - et par extension l'Afrique - est la nouvelle Jerusalem, de par la présence de l'arche d'alliance. Bien que Hailé Sélassié leur ait offert un territoire (à Shashemene, 250 km au sud d'Addis Abeba), ils sont peu nombreux à avoir rallié le pays des origines - environ 400.

Le monachisme en Ethiopie


Les missionnaires venant du Proche-Orient dès le 6ème siècle furent les véritables propagateurs de la foi en Ethiopie. Ils ne construisirent pas de monastères comme en Occident mais vécurent dans l'isolement de cellules creusées dans les montagnes; ils traduisirent les textes sacrés en guèze, une langue sémitique abandonnée au profit de l'amharique, qui demeure la langue sacrée, comme pour nous le latin. Encore aujourd'hui de nombreux ermites vivent dans la montagne, dans le plus complet dénuement.

Les chrétiens d'Ethiopie


Selon une tradition peu crédible, le pays fut évangélisé par l'apôtre Philippe; toujours est-il que les idées chrétiennes s'étendirent à Axoum à partir de l'Egypte et du commerce sur la Mer Rouge et que l'Ethiopie ne devint vraiment chrétienne qu'à partir de la conversion du roi Ezana au 4ème siècle. L'église éthiopienne dépendit du patriarche d'Alexandrie jusqu'en ...1959, quand Hailé Sélassié obtint l'autonomie religieuse.

Le culte orthodoxe a gardé sa spécificité propre, surtout que le pays a été longtemps isolé entre des communautés musulmanes très actives. La fête du Timkat, la plus importante, commémore le baptême du Christ: cortège de prêtres abrités sous des ombrelles multicolores cousues d'or, précédés de jeunes diacres drapés d'étoffes précieuses, portant les croix ouvragées; les pélerins se pressent, tout de blanc vêtus...

vendredi 10 octobre 2008

Les Falachas ("émigrés" en guèze)


Eux se nomment Bêta Israël. Ce sont les seuls Juifs noirs au monde... Ils se réclament descendants des compagnons de Ménélik I mais leur conversion est probablement plus tardive, en réaction à la politique d'amharisation au 15ème siècle. Ils sont peu nombreux, surtout depuis l'émigration massive vers Israël en 84 - 85; ceux qui restent sont pauvres, sans terre et exercent traditionnellement les professions de forgeron et de potier- professions méprisées. Ils réclament en vain leur rapatriement en Israël, qui a stoppé l'émigration.

Luttes religieuses et royaume de Gondar


Au 13ème siècle, la dynastie Zagoué est renversée par un seigneur amhara qui se prétend descendant de Ménélik I; c'est donc le retour de la famille Salomon, et le début de la préséance de la langue amharique (officielle aujourd'hui).

Les Musulmans menacent, mais aussi les Européens, qui veulent imposer le catholicisme romain; jusqu'en 1632, c'est une succession de guerres entre clans ou contre les Arabes ou les Turcs; le Portugal vient même au secours des Abyssins pour sauver Axoum prise par les turcs (en vain); les Jésuites parviennent à convertir un roi au catholicisme, mais il doit abdiquer devant l'opposition générale. Période superbement évoquée dans le livre de Jean-Christophe Rufin, L'Abyssin.

Le roi Fasiladès (1632 - 1667) met de l'ordre dans tout ce fatras, rétablit la "vraie foi", fixe les frontières et s'installe à Gondar. Période faste pour 2 siècles.

A Gondar on peut toujours voir le château de Fasiladès et d'autres vestiges...

jeudi 9 octobre 2008

Les églises de Lalibela




Au 10ème siècle, une reine du sud nommée Gudit, anéantit avec son armée le royaume d'Axoum. Une nouvelle dynastie gouverne l'Abyssinie, les Zagoué; leur roi le plus illustre, Lalibela, fit bâtir dans la roche les fameuses églises. N'oublions pas que les Abyssins sont chrétiens monophysites, comme les Coptes d'Egypte et du Soudan, et que leur évêque, l'abouna, dépend du patriarche d'Alexandrie. C'est aussi à cette époque qu'on commence à parler, en Occident, du fabuleux royaume du Prêtre Jean, que bien sûr personne n'a jamais visité.


Les 12 églises de Lalibela sont taillées à même le roc, certaines dans le sol même, comme l'église st Georges (photos) La vie de Lalibela, empereur et saint, se confond avec celle du Christ (il ressuscite aussi après 3 jours). Grande fête le 6 janvier... Je n'y serai pas (dommage, mais on ne peut être partout); en tout cas j'ai l'intention de séjourner 2 jours à Lalibela, pour visiter les églises à l'aise.

Le couronnement d'Hailé Sélassié (1930)




Il en existe deux récits dans la littérature (à ma connaissance évidemment): celui de Wilfred Thesiger et celui d'Evelyn Waugh.


Thesiger a 20 ans; il a passé son enfance en Abyssinie où son père était ministre plénipotentaire de Grande-Bretagne (l'équivalent d'ambassadeur); à cette époque il étudie à Oxford, mais il reçoit une invitation personnelle comme fils aîné de son père, décédé. Il est profondément marqué par le décorum, les costumes fastueux, la noblesse hautaine des ras venus de toutes les régions d'Ethiopie, la lenteur et la magnificence de la cérémonie, immuable depuis des siècles, présidée par l'abouna, l'archevêque.


Waugh a 27 ans, il est présent comme correspondant du Times; sa vision est tout autre: dans un style ironique et mordant il décrit une cérémonie barbare, désordonnée, incompréhensible; une société archaïque, sans hygiène, superstitieuse, cruelle et sans raffinement.


Thesiger lira le compte-rendu de Waugh et en sera scandalisé; en fait l'antagonisme entre les deux hommes se résume dans les deux sens du mot sauvage; pour l'un il s'agit de beauté sauvage, et pour l'autre de sauvage incivilisé. PourThesiger, les anciennes civilisations africaines, figées dans leur évolution, sont d'une étrange beauté barbare, pour Waugh, il n'y a qu'une civilisation, la sienne, l'Occidentale, et singulièrement la Britannique.

mardi 7 octobre 2008

Une expédition Renault des années cinquante


Une redite de la Croisière noire Citroen ? En tout cas un de ces périples condamnés par Thesiger, qui voyait dans le tourisme automobile le début de la fin des civilisations autochtones, la perte de leur identité propre au contact d'un monde "moderne" qu'il jugeait uniforme et déshumanisé.

Cette expédition française de 1954 part d'Alger pour se terminer à Djibouti, et traverse forcément l'Ethiopie. Observations superficielles, dans le style fleuri des années cinquante, volontiers condescendant; le Blanc colonisateur qui se penche avec bienveillance sur des populations arriérées aux croyances superstitieuses...

Quelle différence avec Thesiger qui s'est fondu dans la population, a appris la langue et partagé les conditions de vie difficiles du désert.

Les Thesiger n'existent plus... maintenant moi aussi je vais parcourir l'Ethiopie en 4X4, et payer pour chaque photo prise dans les tribus de l'Omo, et me déchausser pour entrer dans les églises saintes, autrefois interdites aux étrangers. C'est l'évolution du monde; irréversible ?
La couverture reproduit une de ces superbes fresques des églises de Lalibela

lundi 6 octobre 2008

Que reste-t-il du royaume d'Axoum ?


Il est important de savoir que le petit Menelik, fruit des amours de Salomon et de la reine de Saba, reçut une éducation princière à la cour de son père; lorsqu'il fut en âge, Salomon l'oignit avec l'huile sainte de la royauté, ce qui fit de lui un élu intouchable, et se transmit à ses descendants; Salomon avait promis en cadeau le couvercle de l'arche d'alliance, mais Menelik retourna au pays avec l'arche entière, qu'il avait habilement subtilisée avec ses compagnons.

L'arche d'alliance ou tabot est conservée à Axoum, dans une chapelle où personne n'a le droit d'entrer, pas même le Negus (à celui qui s'y risquerait, elle deviendrait invisible).

On peut également voir à Axoum des trônes en pierre qui auraient servi au couronnement des rois, des tombeaux et les vestiges de plusieurs églises (rappel: l'Ethiopie devient chrétienne dès le 4ème siècle); mais le plus impressionnant, des stèles et obélisques gigantesques, monuments funéraires symbolisant des maisons à étages.

L'une des stèles a été emportée par Mussolini à Rome, où elle est reconstituée dans les thermes de Caracalla. L'Ethiopie réclame la restitution de sa stèle depuis 1947... mais ce problème n'est pas encore résolu aujourd'hui, notamment pour des questions de transport.
Le royaume d'Axoum a survécu jusqu'au 9ème siècle de notre ère.

Le roi Salomon et la reine de Saba


Vers 970 avant Jésus- Christ, le reine de Saba, Makeda, se rendit à Jerusalem à la cour du célèbre roi juif Salomon, à la tête d'une splendide caravane. Ce qui devait arriver arriva, à son retour à Axoum (nord de l'Ethiopie), Makeda accoucha d'un fils, le futur Menelik I, dont tous les monarques ultérieurs réclament l'ascendance. Hailé Sélassié n'échappe pas à cette noble naissance: les Ethiopiens - et singulièrement les Rastas - le considèrent comme descendant de Salomon.

NDLR. Il existe une autre légende à propos de la reine de Saba, qui serait venue du Yemen...

Illustration: à défaut d'une photo récente, le tableau du Tintoret au Prado

A la demande générale: et les rastas ?


Le mouvement rastafari tient son nom du ras Tafari Makonnen, qui deviendra le negus Hailé Selassié. Mouvement difficile à cataloguer, né en Jamaïque, connu surtout par Bob Marley; les rastas considèrent Hailé Sélassié comme un dieu vivant (ce qu'il n'a jamais accepté) et l'Ethiopie comme la terre promise pour tous les Africains en exil par l'esclavage. Ils fondent une grande partie de leurs croyances dans l'ancien testament et y puisent l'obligation de ne pas se couper les cheveux (d'où les dreadlocks), de manger végétarien et de renoncer à l'alcool. Ils sont pacifiques - et pourtant le reggae peut être considéré comme une musique rebelle. Un renouveau spirituel, le respect de la vie, contre le matérialisme ambiant. Difficile d'affirmer si le rastafarisme est une religion, une philosophie ou simplement un mode de vie. Couleurs: rouge, vert et or.

Le dernier empereur: Hailé Selassié


Ou plutôt le dernier negus, titre des empereurs éthiopiens. Je vous épargne les détails des luttes pour le pouvoir entre les différents ras, mot que l'on peut traduire par roi. Le ras Tafari monte donc sur le trône dès 1928, et se fait couronner negus en 1930. Il doit bien sûr vaincre l'opposition des autres ras mais surtout lutter contre l'influence italienne, qui possède déjà l'Erythrée et la Somalie. L'armée de Mussolini attaquera l'Ethiopie en 1935, l'annexera et se rendra coupable de honteux massacres. Le negus se réfugia en Grande-Bretagne. Les Anglais l'aideront à retrouver son trône et il reviendra triomphalement à Addis Abeba en 1941. Son long règne est difficile; confronté aux problèmes d'un système encore largement féodal, aux mouvements d'indépendance de l'Erythrée et de la Somalie, à une insuffisante libéralisation du régime, son pouvoir est remis en question. Les grandes famines de 73-74 marquent le début de la fin; il sera déposé par un coup d'état militaire et l'Ethiopie basculera dans un régime communiste dès 1974. Le dernier negus mourra dans des conditions mystérieuses, à l'âge de 86 ans.

Addis Abeba

Voilà donc la capitale de l'Ethiopie... Son nom signifie "nouvelle fleur" en amharique (la langue officielle); dire uniquement "Addis", comme c'est la mode, revient à dire "New" pour New York, mais encore une fois, c'est la mode.
Addis Abeba n'est pas une ville ancienne: elle a été fondée en 1886 par l'empereur Ménélik II; dans les années 20, Thesiger la décrit comme une simple agglomération de toukouls (huttes rondes recouvertes de chaume), habitat traditionnel des Ethiopiens, les seuls bâtiments en dur étant ceux des légations étrangères. C'est maintenant une ville moderne sans beaucoup d'intérêt, tours grises à la soviétique, comme nombre de grandes villes africaines. J'y passerai quand même une journée, histoire de visiter les musées (ethnologie et archéologie) et de traîner au mercato, le grand marché. Addis Abeba est une ville d'altitude (2400m) et le climat y est souvent frisquet...
Pour les photos, je vous renvoie à Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Addis-Abeba