jeudi 9 octobre 2008

Le couronnement d'Hailé Sélassié (1930)




Il en existe deux récits dans la littérature (à ma connaissance évidemment): celui de Wilfred Thesiger et celui d'Evelyn Waugh.


Thesiger a 20 ans; il a passé son enfance en Abyssinie où son père était ministre plénipotentaire de Grande-Bretagne (l'équivalent d'ambassadeur); à cette époque il étudie à Oxford, mais il reçoit une invitation personnelle comme fils aîné de son père, décédé. Il est profondément marqué par le décorum, les costumes fastueux, la noblesse hautaine des ras venus de toutes les régions d'Ethiopie, la lenteur et la magnificence de la cérémonie, immuable depuis des siècles, présidée par l'abouna, l'archevêque.


Waugh a 27 ans, il est présent comme correspondant du Times; sa vision est tout autre: dans un style ironique et mordant il décrit une cérémonie barbare, désordonnée, incompréhensible; une société archaïque, sans hygiène, superstitieuse, cruelle et sans raffinement.


Thesiger lira le compte-rendu de Waugh et en sera scandalisé; en fait l'antagonisme entre les deux hommes se résume dans les deux sens du mot sauvage; pour l'un il s'agit de beauté sauvage, et pour l'autre de sauvage incivilisé. PourThesiger, les anciennes civilisations africaines, figées dans leur évolution, sont d'une étrange beauté barbare, pour Waugh, il n'y a qu'une civilisation, la sienne, l'Occidentale, et singulièrement la Britannique.

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