Les mystères de la carte éthiopienne

Dans la plupart des restaurants, une carte bilingue (amharique et anglais) est disponible; mais il ne suffit pas de comprendre les mots pour avoir une idée du plat ! L'expérience est seule maîtresse en la matière.

Beef cutlet= wienershnitzel

Fish cutlet= fish and chips (parfois sans chips)

Beef salad= wok chinois

Beef goulash= je vous le donne en mille, carbonades flamandes !!!

Les légumes sont invariablement des patates, des choux et des carottes, cuisson al dente.

Les spaghettis sauce tomate, avec ou sans viande, sont très populaires.

Mais ce qui est présent partout, c'est un petit piment vert vicieux, qui arrache particulièrement; ne pas le confondre avec une lanière d'un proivron inoffensif... Les Ethiopiens adorent la cuisine épicée.

Sauf le "pepper steak", qui consiste en une fine tranche de boeuf surmontée d'une sauce brune non piquante... Parfois orthographié "paper skate".

En photo le barbecue national; super, non ? J'ai adoré, chaque fois que c'était disponible.

Voilà pour la cuisine "internationale"; dans un autre post, la cuisine éthiopienne...

Autre rencontre francophone

Jacques et Evelyne, Français de France, clients comme moi d'Abey-Roads... Je les ai croisés à Bira Ale, à quelques kilomètres de Dallol; ils revenaient du volcan Erta Ale (en éruption !), en convoi de deux voitures; l'une des deux était bloquée dans la rivière que nous devions franchir et devant laquelle la détermination de Santi a flanché. Ils ont dû abandonner cette voiture (la seule solution est d'attendre une baisse de niveau de l'eau) et nous avons rebroussé chemin de concert, Santi et moi dans Titine, eux dans celle qui deviendra Rosalie après Lalibela, nous partageant les scouts de l'escorte, leurs armes et leur barda. Précision: ils connaissaient Santi pour avoir fait le sud avec lui.

NDLR: scouts, ou rangers, bodyguards armés indispensables dans tous les endroits sensibles, et le pays Afar, où se trouve Dallol, est difficilement contrôlable, même de nos jours.

Je raconterai plus loin l'équipée de ce jour mémorable; dans ce post, uniquement la rencontre, autour d'une bouteille de vin italien que j'avais dénichée dans un supermarket de Makale, et que je destinais à notre soirée de camping à Dallol; au moins on l'aura partagée en compagnie ! Tout en mangeant ce que là-bas on appelle "roasted lamb", et qui est un ragoût de .... chèvre, posé sur injera, bien entendu.

Titine

Je vous présente Titine, la voiture n°1 - parce qu'on a usé deux voitures pour nos 7000 km !! Titine est ma préférée, aucune autre voiture rouge en Ethiopie. Sûr, elle n'est pas de prime jeunesse, et l'airco manifestement en option... mais quel courage sur les pistes des Simien mountains et du Danakil !!! Pas de marchepied, et pour grimper sur mon siège, Santi devait me hisser à la force du poignet... A force d'exercice, au bout d'une semaine, j'y parvenais seule, fièrement. Et puis, à Lalibela, nous avons croisé une autre voiture de la compagnie qui rentrait à Addis, et Santi, un peu inquiet pour "a small thing wrong", a fait l'échange; il était convenu que Shimme, l'autre chauffeur, nous ramènerait Titine à Awash, avant d'aborder le sud, mais il a eu un "léger accident" en cours de route, si bien que nous avons terminé le voyage avec l'autre voiture, que j'ai baptisée... Rosalie.

Les rencontres

Je vois que vous fantasmez sur le sujet... Ne bâtissez pas de roman, ce sont des rencontres sans lendemain, mais tellement riches sur le plan humain. Voyager seule est le meilleur moyen d'engager le dialogue, la première question étant toujours l'étonnement; quand on fait partie d'un groupe, on vit protégé dans un cocon et on tourne en rond dans les conversations, parfois avec des personnes qu'on ne fréquenterait pas si on avait le choix.

Voilà le préambule; oui j'ai parlé avec toutes sortes de gens, en anglais - tout le monde garde son sérieux dans les places à 5 francs - avec un peu de culot on se fait toujours comprendre; je n'ai eu que trois fois l'occasion de parler français...

La première fois, c'était à Addis, dans le "business center" de l'hôtel, où nous nous battions tous les deux avec les connections: un Italien, polyglotte, cultivé, aux connaissances universalistes, un mélange d'Umberto Eco et de Marcelo Mastroiani, si vous voyez ce que je veux dire; longue conversation sur les antiquités éthiopiennes, on en connaissait un bout sur le sujet tous les deux; travailleur dans la coopération et non touriste, est passé comme un météore dans ma vie...

La photo, un autre type de rencontre, comme on en fait constamment sur la route, tout aussi éphémère... Ne parlait que l'amharique; une certaine allure, non ?

Les routes...

Exemple 1 : une route normale...

Je précise: c'est une video, de la période Bob Marley
Donc vous cliquez, vous regardez et écoutez...

Sintayew

ou Sntayehu, ou Sinta, ou Santi, au choix... Ce fameux chauffeur dont je vous rabats les oreilles à longueur de message; 32 ans, célibataire, virtuose du volant, infatigable, toujours de bonne humeur, bricoleur, roi du système D... Sans lui, le voyage n'aurait pas été aussi réussi; il a tout de suite compris ce que je voulais - surtout bouger, nouer des contacts - et chaque jour il me proposait un programme original parfaitement adapté à mes intérêts. Il possède dans toute l'Ethiopie un réseau bien rôdé de correspondants locaux (comme Albert, à Djenné; voir blog Mali ou consulter Jérôme), à qui il faisait la leçon avant de me confier à eux pour une découverte: parler lentement à la dame (allusion à mon anglais basique), la laisser rêvasser tranquillement devant les paysages et lui trouver des expériences ou de belles photos... Côté hôtel, je voulais les best ones, disons tout de suite que c'était mission impossible, mais que finalement je me suis mieux amusée dans les petits hôtels ou en camping que dans les quelques semi-palaces qu'il m'a dégottés !

Merci à tous

Et spécialement à Jérôme, pour avoir fidèlement transmis sur le blog mes infos fantaisistes; merci pour vos messages, vos commentaires, votre humour; tout cela est irremplaçable quand on se trouve seul au loin; j'avoue avoir ri aux larmes des NDLR de Jérôme ! En fait je découvre tout cela aujourd'hui, à mon retour, car pas une seule fois je n'ai pu ouvrir mon blog là-bas - faut dire qu'à la fin je n'essayais même plus...

Je suis bien rentrée ce matin, et j'ai dévoré une grande assiette de frites-mayonnaise; j'ai tant à faire dans la maison que je ne sais par où commencer; alors j'ai lu le journal et commencé à enregistrer mes photos. Pour vous mettre en condition, en voici une qui résume à elle seule l'Ethiopie: un paysan avec sa dula à l'épaule, et les gorges du Nil Bleu en arrière-plan - merveilleuse lumière d'un pays unique.

Camping

Ai campé à Turmi dans le sud ; m'a rappelé les meilleurs souvenirs de nos belles années les enfants... Enormes bisous à tous ! Je prépare des tas de messages pour le blog, et j'ai des dizaines de vidéos et des centaines de photos !

Bulljump

Jérôme : Après 10 jours sans nouvelles (qui ne s'inquiétait pas ?), Virginie reprend enfin contact avec nous. Ouf !

Virginie :
Pas de connection depuis Harar ! A nazareth (NON Santi ne s'est pas trompé de pays) j'ai pu ouvrir hotmail mais pas lire les messages ni en rédiger un nouveau ! Très frustrant... Dans le sud, inutile, pas de connection, pas d'électricite, pas d'eau et parfois pas de toilettes, mais tout fut GENIAL !!!! Ai vu des tas de tribus à l'age de la pierre et surtout un bulljump, un vrai, deux jours de danses et finalement le saut...(réussi); ai tout filme ! 85 millions d'éthiopiens et autant de vaches, si pas plus, sans compter les chèvres et les moutons, et PAS DE FROMAGE !!!! Les enfants, dimanche, c'est sûr, ce sera une raclette. Je rêve d'une vraie tartine, et de pommes de terre nature cuites, car ici les légumes sont al dente... Dans le sud il faisait très chaud et les possibilités pour se laver à fond plutôt rares; aujourd'hui je suis à Awassa, sur le chemin d'Addis, et j'ai enfin un bon hôtel... si on ne coupe pas le courant ! mon périple de 7000 km s'achève, Santi est un driver exceptionnel grâce à qui mon voyage a été super, car il m'a trouvé partout des trucs passionnants à faire et notamment le bulljump; pas de problème à zaventem, je prends le train, et il est conevenu que Delphine vient me chercher à la gare de charleroi; je vous embrasse tous et je vais essayer de lire vos messages.

Un voyage en Afrique sans panne de voiture

ne serait pas un voyage en Afrique ! C'est bien sûr arrivé en plein midi, sous le soleil, loin de tout ; Santi, champion du système D, a réparé provisoirement mais c'est toujours en état... On a du raccourcir l'étape et dormir dans un bouiboui pour routiers où il n'y avait pas d'eau, pas de serviette de toilette non plus, mais à quoi bon ? On a rallonge l'étape suivante et dormi dans un lieu mythique, le buffet de la gare d'Awash - je revivais toutes mes lectures - j'ai obtenu la chambre de Haile selassie, un seul socquet défectueux, j'ai dû bricoler avec du sparadrap, sûrement l'empereur n'avait pas de Sony à recharger. Puis le parc d'Awash, où la plupart des animaux dormaient ; puis la traversée du pays Afar, hommes et femmes à la beaute altière, accompagnés de 3 militaires hilares, armes jusqu'aux dents, supposés nous protéger contre les car jackings. Maintenant je suis à Harar, ville musulmane hors du temps, et je suis passée par la porte de Richard Burton, pas l'acteur, l'explorateur ; ambiance extraordinaire, les femmes harari habillées de toutes les couleurs, vendant du khat du matin au soir ; même les chèvres broutent les feuilles qui trainent et puis titubent les yeux dans le vague. C'est la deuxieme fois que je redige ce message, je vais encore essayer de l'envoyer; demain je pars dans le sud et ne suis pas sûre de trouver des cafés internet; bisous a tous !

Le courant... c'est pas courant

J'avais presque terminé un grand message et coupure de courant ; ici c'est ....courant et je stresse souvent pour recharger mes piles ; un diner aux chandelles c'est romantique mais une douche aux chandelles beaucoup moins ! D'autant plus que la plomberie des salles de bains date de l'époque de la reine de Saba (10ème siècle avant JC). Je ne regrette pas d'avoir renoncé aux parcours intérieurs en avion (plus rapides), j'aurais manqué des étapes fabuleuses sur des pistes invraisembables avec des paysages à couper le souffle ; beaucoup à dire encore mais peur que le courant parte à nouveau, bisous !

Un marathon dans la montagne

Pas de mule... Finalement Santi a décrété que les mules c'était pour les touristes à la con, et qu'une strong woman like me se devait d'aller on foot ! Alors il m'a déniché un de ces bonshommes qui courent le marathon pieds nus dans les montagnes et empochent toutes les médailles olympiques ; évidemment avec moi il a dû modérer son allure et j'ai bien regretté de ne pas avoir mes chaussures de montagne; on a marché 5 heures, pour voir une église rupestre à presque 4000m et une cérémonie traditionnelle dans un monastère creusé dans une grotte ; j'ai glissé deux fois dans la descente et si j'ai réussi à atteindre le but c'est aidée par mon runner et un vieux fermier de 70 ans qui passait par là, pieds nus, avec sa dula ; à la fin mon guide a avoué que j'étais fameusement strong pour une farandj (étrangère) et quil s'était autant amusé que moi ; on a terminé par une bière locale dans un toukoul, une expérience, franchement c'est mieux la Jup ; j'envoie ce message et puis j'essaie un autre, merci Jéjé et Raymond pour les news, donnez moi des nouvelles du bras de Luc, des bébés et de tous les autres ; demain je pars vers Harar, faudra 3 jours, bisous à tous !

Merci les filles de Virginie ma pédicure !!!

J'ai réussi à lire tous les messages et tout ce que j'ai écrit est parti alors voici dautres nouvelles ; je fais des rencontres avec des touristes sympa, mais surtout avec des Ethiopiens ; une de mes plus belles journées fut de grimper sur une montagne - 2 heures- avec un groupe d'écoliers pour voir une église rupestre tout en haut ; les écoliers étaient adorables - ils m'aidaient dans les passages difficiles et m'offraient des fleurs ! Et au retour je leur ai donné du matériel scolaire acheté avec l'argent des filles de Virginie ma pédicure ; ces enfants en haillons en pleuraient de joie et pour me remercier ils m'ont donné deux biscuits, ce qu'ils avaient, le monde à l'envers quoi ! J'ai mangé les biscuits et pour eux c'était merveilleux, une question de dignité ; en fait j'ai reçu plus que j'ai donné ; merci Théo et Robyne ! A dire aussi, le matin Santi a toujours une fleur pour moi et il se coupe en 4 pour me trouver des aventures à mon niveau ; les églises de Lalibela sont magnifiques, kisses !!!!!

Mule

Demain (mercredi 12/11) je monte a 3000m à dos de mule !!!

Lalibela

Je suis à Lalibela ; je n'ai pas réussi à passer dans le désert, parce que inondations et pas de ponts sur les rivières ; avons traversé 5 rivières avec beaucoup d'eau mais la 6ème impossible ; obligés de revenir, mais ce fut fantastique ; Lalibela c'est très beau ; Santi est un magnifique guide et chauffeur ; le pays est beaucoup plus montagneux que je croyais, c'est magnifique mais les routes infâmes et les salles de bain parfois aussi ; je vais très bien, je ne m'ennuie pas un instant et je pense à vous tous ! J'espère que tous vous allez bien !

Obama is the winner

Je suis à Axum, pas de courant le soir, j'ai donné congé à Santi parce que hier long way, piste poussiéreuse dans la montagne très difficile pour lui : 350 km !!! Très beaux paysages pour moi. Today visite sites archéologiques de Axum, seule tranquille. Super Obama ! Ici tout le monde est fou : ils croient que Obama va s'occuper d'eux. Anecdotes : je suis tombée sur mon derrière, bousculée par une vache sans éducation, aucun mal sauf pour ma dignité... J'ai traversé un petit bras du nil bleu a gué, portée par 2 hommes !!! Suis pas tombée a leauai ! Ai suivi les élections USA sur CNN et BBC avec tous les Noirs, les groupes de Blancs aseptisés se tiennent entre eux, et puis j'ai eu droit à des embrassades à n'en plus finir. Santi est vraiment bien, c'est le style Amadou2 (NDLR-Jérôme : Amadou2, notre chauffeur inoubliable au Mali), en plus instruit. Je transmets des tas de bisous à tout le monde !

Un nouveau télégramme

"ne parviens pas a lire vos messages merci de men envoyer quand meme je vois quon ne moublie pas peutetre un jour je pourrai les lire ici a gondar pas de connection tel tout va bien on dirait que ma camera marche de nouveau tant mieux comme ca jen ai deux surtout pour le desert 4xcusez le style et lorthographe monasteres superbes hier journee complete sur lac today chateaux gondar demain montagne tres long trajet pays tres sur aucun danger ethiopiens charmants evidemment proprete relative mais ca va marie envoie un message a frhissette pour lui dire aue je nai pas de puces pas encore ou jeje mets-le dans le blog jespere que le message va partir je vous embrasse tous la mere"

NDLR (Jérôme) : Visiblement son appareil photo fonctionne à nouveau. Elle en a donc deux maintenant. Ne souriez pas mauvaises langues en pensant qu'elle ne savait pas se servir du premier... J'ai quand même hâte qu'elle me montre comment elle se sert du deuxième ;-) Joke mum...

Message important à monsieur ou madame Frhissette (?) : Virginie n'a pas (encore) de puces !

Virginie réinvente le télégramme

"Ai reussi a meconnecter, je vous ecris vite avant de lire vos messages pcq jai peur detre coupee; ici pas de de connection pour le tel; tout va bien a part le probleme habituel: mon appareil photos est foutu, mais jai reussi a trouver un sony ici pour employer mes cartes memoires; Santi mon driver est genial, la voiture un evieille toyota rouge poussive; les hotels sont a lavenant mais les ethioipiens sont souriants et adorables; je fais plein de rencontres interessantes dommage que je ne peux pas remplir le blog, jeje tu peux y mettre mon aventure habituelle avec la camera moteur foutu sans prevenir! tout tremble et les photos impossibles... demain si Obama gagne Santi et moi on a decide de se saouler je vous embrasse tous et mt je lis vos messages V "

NDLR (Jérôme) : Besoin de traduction ???

Un nouvel SMS

"Parfois pas reseau tel ! Santi genial, on ecoute bob marley gorges nil bleu super je mange injera avec doigts comme pro biz"

NDLR (Jérôme) : A force d'écouter Bob Marley dans la voiture du génial Santi le chauffeur, maman Virginie va devenir rasta... Fini les bonnes manières au resto, dorénavant, tout se mange avec les doigts, comme l'injera (c'est le macdo du coin ?). Les gorges du Nil bleu, une merveille, nous voudrions tous être à sa place, sauf pour l'injera ! Bisous !

Encore un SMS :

"Sinta the driver super sympa voiture epoque lucy ! Inch allah"

NDLR (Jérôme) : Voiture époque Lucy, à décrypter par petite (Lucy était toute petite) et préhistorique. Et donc le chauffeur Sinta, super sympa, fait sans doute partie des rencontres pasionnantes, vivement qu'elle nous en dise plus !

SMS reçu :

"Hier coup de chance pas connection internet dommage bcp a raconter rencontres passionnantes please publie ce post sur mon blog"

NDLR (Jérôme) : Bref, tout va bien... Pas évident pour elle de trouver une connection internet valable, nous devrons nous contenter de ce genre de petits messages, à décrypter, et imaginer tout ce qui se cache entre chaque mot. Rencontres passionnantes, on les lui souhaite ! Et vivement qu'elle nous raconte le beaucoup qu'elle nous promet.