dimanche 14 décembre 2008

La route du khat




D'Awash, nous partons directement pour Harar; on m'avait déconseillé cette route, prétendument sans intérêt, et suggéré de prendre l'avion: encore une erreur évitée, ce parcours est très instructif.


Les montagnes sont certes moins spectaculaires, et la route asphaltée encombrée de camions. Mais quel spectacle que les femmes Harari et Oromo, habillées de couleurs chatoyantes, portant ustensiles de cuisine et ballots divers en équilibre sur leur tête ! Un défilé perpétuel, plein de grâce et d'équilibre. La religion musulmane, majoritaire ici, n'enferme pas les femmes dans des sacs noirs informes...


C'est sans doute qu'on est trop occupé avec le khat. Cultivé et consommé partout dans le pays (c'est légal), c'est dans cette région qu'il atteint son apogée (climat adapté?): tout ici tourne autour du khat, c'est le business le plus rentable du pays - et tant pis si cela pose un problème de santé publique.


Rappel: le khat est un arbuste très vert dont on mâche les feuilles pour obtenir un effet euphorisant.


Sur les coteaux, c'est la seule culture; elle demande beaucoup d'eau, si bien que la ville d'Harar connaît de graves pénuries qui n'existaient pas autrefois, avant que le phénomène khat ne prenne de si vastes proportions. On construit actuellement une conduite qui amènera l'eau de Dire Dawa, dans la vallée. Mais cela suffira-t-il ?


Il existe même sur le parcours une bourgade surnommée "khat city"; dès que la voiture ralentit, une nuée de vendeuses s'abat sur nous; dans la foule, je ne distingue que deux types de gens, les vendeurs et les acheteurs; et l'on voit de dignes ménagères transportant leur cargaison dans un sac en plastique, comme on le ferait d'une botte de poireaux.


Le khat est cher, d'après Santi; mais il permet d'oublier les problèmes, pour un moment... Et les "barons" du khat sont parmi les businessmen les plus riches du pays. L'arrêt n'est pas pour demain.

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