samedi 13 décembre 2008

Le buffet de la gare d'Aouache







Pour ceux qui ont lu Thesiger, Monfreid, Rimbaud ou d'autres, la gare d'Awash est un endroit particulier, un des arrêts de ce chemin de fer mythique qui relie Djibouti à Addis Abeba. La ligne est maintenant à l'abandon, refuge des ânes fatigués et terrain de jeux des enfants.



Le buffet de la gare n'a -paraît-il - pas changé depuis la belle époque où le train circulait; c'est un bâtiment caché sous les arbres d'un jardin luxuriant; les deux "chambres impériales" existent toujours, elles ont vu passer Hailé Sélassié, le général De Gaulle et bien d'autres... Celle que j'obtiens est un havre de paix, vaste pièce meublée à l'anglaise, avec dans la salle de bains une gigantesque baignoire sur pied. Mais voilà, il n'y a pas d'eau, et je dois me laver à l'aide d'un seau d'eau et d'un gobelet en plastique. Les monarchies ne sont plus ce qu'elles étaient.



Côté électricité, ce n'est pas mieux: l'unique socquet pend hors du mur et prenant exemple sur mon voisin, je le fixe avec... le sparadrap de ma pharmacie.



Mon voisin est un personnage directement sorti de Tintin, une sorte de savant fou, barbu, hirsute, vêtu une fois d'un short qui le fait ressembler à Max l'explorateur (pour les lecteurs du Soir), une autre fois d'une jupe à la mode Afar. Il se présente comme l'un des ingénieurs chargés de restaurer la voie ferrée; il s'est installé deux PC raccordés à un générateur, et il peste contre les facéties du courant électrique et l'incurie de ses subordonnés. A 17 heures, il interrompt son travail pour se préparer un thé sur son petit réchaud personnel et il m'invite... Italien, mon âge, a parcouru le monde, parle toutes les langues (et bien sûr le français), et m'explique le plan de restauration de la ligne. Sa culture encyclopédique et sa vision du monde sont l'occasion d'une discussion passionnante; il y a de ces rencontres qu'on voudrait prolonger...



Au bar, j'en fais une autre: un guide qui attend un groupe; il étale pour moi des cartes d'état-major et c'est ainsi que je vois que j'ai manqué Dallol de bien peu. Il s'ennuie et je devine ce qu'il cherche, mais il en sera pour ses frais: encore un Italien, u peu trop Aldo Maccione à mon goût...

1 commentaire:

Huberaime a dit…

Bonjour. Je vois que vous avez bourlingué en Ethiopie. Bravo.Je vous invite à lire le compte-rendu de ma propre expérience:
http://huberttabutiaux.wordpress.com/2011/04/16/introduction/
Hubert