Après l'équipée dans la montagne de Lalibela, nous avons pris un village au hasard, et puis une case au hasard; réception aimable - on nous étale une toile de sac sur les cailloux en guise de salon -, et on nous sert la tela, la bière d'orge fermentée qu'on fabrique à la maison. Pas terrible, et je n'abuse pas. La fille de la maison rentre justement de l'école et attaque l'injera avec une sauce jaune, l'unique repas du jour; elle rajuste son voile pour la photo. Les petits - il y en a quatre - pieds nus, pas très propres, nous regardent avec de grands yeux. On va pique-niquer ici, dit mon guide. Comment manger en présence de ces petits affamés ? J'ouvre ma boîte de thon et je l'offre; je sors mes biscuits et je les offre. Les petits mangent le thon avec leurs doigts, sagement, chacun à leur tour; puis ils serrent les biscuits sur leur coeur. Et toi tu vas manger quoi, me dit le guide en riant ?
Nous sommes repartis à la rencontre de Santi, qui devait venir nous rechercher avec la voiture. Sur la route, un de ces containers en tôle qui servent de magasins; j'ai acheté des fournitures scolaires, des chaussures en plastique et des biscuits, et je suis retournée près de mes petits gourmands.
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